Delko-Marseille-Provence
Le printemps cycliste est une saison aussi éclatante qu’incertaine. On y brille comme on s’y englue dans la boue et l’on y prend ses premières marques de cuissard aussi rapidement que l’on se retrouve cloué au lit par un retour de bise. Paris-Roubaix, ne déroge pas à la règle. Que l’on soit le roi des pavés où un timide néophyte, qu’on y aille la fleur au cintre ou en freinant de tous ses disques, l’issue est tout aussi aléatoire et la seule chose à laquelle on peut se raccrocher c’est son matériel.
Au sein de l’équipe Delko-Marseille-Provence, le choix s’est porté en grande partie sur le 785 HUEZ RS DISC. Malgré son ADN de grimpeur qui pourrait sembler hors de propos sur une épreuve pour flahutes de quatre-vingt kilos, le HUEZ présente l’avantage d’être moins rigide que le traditionnel 795 BLADE RS des coureurs. Sur la Reine des Classiques, le rendement s’appelle confort et un peu de rigidité en moins ne fait pas de mal, surtout avec 54,5 km de pavés sur les 257 d’une course éprouvante.
Sur la Reine des Classiques, le rendement s’appelle confort.
Un HUEZ donc, mais un HUEZ avec freins à disques car bien que les coureurs soient habitués aux patins sur leurs Blade, ils ont été choisis par l’équipe pour offrir toute leur puissance sur un Paris-Roubaix qui s’annonçait pluvieux. La météo en a décidé autrement, mais ils restaient néanmoins d’une sécurité supplémentaire pour les arrêts d’urgence qui sont le propre de ce genre de course : une collision à éviter de justesse dans la Trouée d’Arenberg ou un virage mal anticipé dans le nuage de poussière soulevé par le cortège des véhicules de suiveurs par exemple.
La qualité des modèles actuels permettait aux coureurs de garder les CORIMA auxquelles ils font confiance toute l’année. Les seules choses qui changeaient étaient la largeur des boyaux Schwalbe G-One Speed et la pression à adapter au parcours, au poids et au ressenti des coureurs. Ainsi, Evaldas Siskevicius avait opté pour des boyaux de 30 mm à la pression restée secrète. Un choix plutôt efficace dans tous les cas puisqu’il a terminé dans le top 10.
Au niveau du cintre, les coureurs pouvaient bénéficier du plat du dessus de l’ADH 2 quand leurs mains étaient trop crispées par les vibrations pour rester sur les cocottes. D’ordinaire laissé nu, le plat était ici recouvert d’une couche de guidoline tandis que le creux et le bas bénéficiaient d’une deuxième couche pour offrir un amorti supplémentaire. Pour le reste, mitaines ou mains nues, les deux écoles avaient leurs adeptes. D’ailleurs, lors de la reconnaissance, le directeur sportif Arvis Piziks expliquait que lorsqu’il était coureur, à force d’expérience sur l’épreuve, il finissait par ne rien changer à ses habitudes de course : boyaux de 23 et jamais de gants.
Il aurait été tentant de se laisser aller à sa nonchalance tant le décors atténuait la réputation infernale de la course. Les jonquilles s’affirmaient le long des murs repeints à la chaux, les cerisiers ployaient sous des milliers de fleurs roses et le ciel était d’un azur virginal. Au loin, les fermes cossues veillaient d’un œil confiant sur les terres riches qui bientôt donneraient. Bordées de peupliers, de poiriers et de saules se disputant le vert le plus tendre, elles invitaient presque au barbecue. Mais c’était sans compter sur les indices que la nature laissait dans ce tableau bucolique : les bourgeons indiquaient tous la direction du vent : Nord-Est donc trois-quarts face. En terme de difficulté, cela valait bien les pourcentages d’un col à grimper. Un défi brillamment relevé par le LOOK 785 HUEZ RS DISC.