Delko-Marseille-Provence
La présentation annuelle d’une équipe est ce curieux exercice de communication qui vise à faire connaître un projet tout en restant dans le cadre privé de la presse et des partenaires. Voici ce qu’il se passait sur la Côte d’Azur, un beau lundi de février.
Le cinéma de La Ciotat, vous dit-il quelque chose ? Non ? Pourtant L’Eden est le plus vieux cinéma du monde. En effet, c’est là que les Lumière ont projeté le premier film de l’histoire en 1895. Pas mal, non ? En dehors des raisons historiques et patrimoniales du choix du lieu, le rapport entre le cinéma et le cyclisme de haut niveau n’est pas si incongru. Comme un film, l’objectif d’une équipe est de nous faire rêver. Si l’on voit régulièrement au générique la mention « Avec le soutien de la Région », c’est également le cas de l’équipe DELKO-MARSEILLE-PROVENCE qui, jusque dans son nom, ne manque pas de remercier les institutions qui la soutiennent.
En attendant que les lumières s’éteignent, nous laissons trainer l’oreille du côté du premier rang. Raymond Poulidor se fait prêter des lunettes pour lire L’Equipe tandis qu’on le félicite pour son petit-fils, champion du monde de cyclo-cross depuis la veille. Un homme vient le saluer : « Monsieur Poulidor, un supporter inconnu de plus, mais un supporter de toujours. » Poupou lui serre la main et replonge dans les colonnes de résultats du week-end sportif. Daniel Mangeas prend le micro pour parler d’une Clio mal garée puis revient raconter à son voisin ce Tour 85 où il commentait tout le départ de la caravane publicitaire, celui du tour féminin, celui du tour masculin puis filait en voiture vers l’arrivée pour recommencer. « Et ma seule journée de repos, on m’a collé un contre-la-montre » ajoute-t-il avant de relire ses notes.
Sur scène, le 795 BLADE RS a les honneurs des projecteurs, tout comme la tenue de l’équipe. Le sprinteur Brenton Jones est encore en Australie, mais son maillot distinctif de champion national du critérium le représente. Daniel Mangeas endosse enfin ses habits de Monsieur Loyal et entame la présentation par celles des sponsors. Grâce à lui, on prend conscience que derrière la personne morale, il y a surtout des personnes physiques, des passionnés qui apportent leurs pierres à l’édifice de l’équipe. Les sponsors sont en quelque sorte les rouages des rêves. Ce sont toutes ces bonnes volontés qui leur donnent vie.
Au lendemain du GP La Marseillaise et à deux jours de celui de l’Etoile de Bessèges, Daniel Mangeas en profite pour rendre hommage aux « deux Roland », c’est à dire Roland Villalonga, l’organisateur du GP, et Roland Fangille, celui de l’Etoile. « Des dinosaures, chers amis. Des dinosaures vivants. On dirait Colombo et son beau-frère. » L’assemblée rit de bon cœur, puis le présentateur se ressaisit : « Ce sont des vies dédiées au cyclisme. Bessèges aura 50 ans l’année prochaine. Roland Fangille est donc le plus vieil organisateur de course. » Nous applaudissons puis nous tournons vers les coureurs qui descendent du balcon.
Au fil de la présentation, nous nous familiarisons avec les visages de ceux que l’on voit souvent masqués par leurs casques et leurs lunettes. Nous découvrons des coupes de cheveux, mettons des yeux derrière les verres fumés. Evaldas Siskevicius ne manque pas de répartie, Ramunas Navardauskas se fait traduire les grandes lignes par Alexis Guérin et Eduard Grosu chahute jusqu’à l’heure de la photo de groupe. Les grands derrière, les petits devant et tous les âges mélangés. Voilà un bel effectif.
Dehors, tandis que l’on débouche le rosé et fait passer les plateaux de petits fours, Jérémy Leveau veut s’en aller. Celui qui a terminé un championnat de France derrière Démare et Bouhanni a hâte d’en découdre. Lucas de Rossi s’accorde un croque-monsieur « J’avais trop faim », dit-il la bouche pleine, comme pour s’excuser. Quant à nous, à peine le temps de piquer une mini-tropézienne que nous devons sauter dans le bus de l’équipe qui retourne au service course.
"Ce sont des vies dédiées au cyclisme."
Le service course, c’est une caverne d’Ali Baba pour qui aime le beau matos. Des rangées de 795 BLADE RS patientent sagement dans leurs containers verrouillés, des dizaines de pédaliers SRAM Red attendent leurs pédales EXAKT les machines tournent pleines d’uniformes azur et le percolateur n’a pas le temps de souffler. Pendant que les mécanos s’activent sur les derniers montages qui partiront le lendemain pour Bessèges, nous visitons le nouveau bus de l’équipe entièrement aménagé pour le matériel. A l’intérieur, chaque chose a sa place et tout est sur mesure. Les vélos de route ont leur coin, ceux de chrono le leur et le plus amusant ce sont les espace dédiés aux roues. Depuis l’extérieur, ont peut accéder à un jet d’eau et un groupe électrogène. La bête est prête à sillonner la France, et un peu plus que ça…
Tandis que le jour baisse, le reste de l’encadrement rentre de La Ciotat pour une réunion. Des bureaux à l’étage, on aperçoit la nature. Cette invitation à rouler est un crève-cœur : ici personne n’a le temps de pédaler. La vie d’une équipe pro n’est définitivement pas faite pour les fainéants. Nous aurons bien d’autres occasions de vous en faire découvrir les détails.
Tandis que les invités sortent pour profiter du buffet, les coureurs se regroupent autour d’une autre friandise : leur vélo. Ils ont beau avoir déjà passé une bonne centaine d’heures dessus, cela ne les empêche pas de faire leurs retours à Raphaël Jeune, le responsable du sponsoring chez LOOK. Ça parle relance, hauteur de jante CORIMA, moyeux à grandes flasques. Chacun a ses manies, ses préférences. Les professionnels ont beau avoir un accès illimité à ce qui fait rêver les amateurs, ils conservent la même passion. Heureusement d’ailleurs, car ce sont leurs retours qui bénéficient aux ingénieurs, et donc aux pratiquants en un cercle vertueux.